dimanche, septembre 18, 2005

Sheila sur une compil américaine

Compil sortie en 1995,avec 2 titres de Sheila & B.Devotion, You light my fire(à l'époque introuvable sur CD) et Mayday.
Liste des titres proposés sur ce disque.
Traduction du passage consacré à Sheila dans le livret de cette compil(Les Bad Company sont un groupe hard rock des années 70):

Un autre projet de production extérieure de l’équipe Chic, plus mystérieux celui-là, fut un album pour la chanteuse française à la déjà longue carrière Sheila, et son groupe, B.Devotion, en 1980. Nile Rodgers put y donner libre cours à ses tendances grandiloquentes de guitariste, comme en témoigne Mayday , qui inclut un long solo qui débute à 1 minute 40 et ne faiblit pas un instant pendant les deux minutes restantes, dans une débauche d’effets rétro en boucle. La chanson se fait aussi remarquer de par sa longue métaphore sur l’impuissance masculine (« Mon moteur refroidit, j’ai une fuite d’huile, si je me crashe c’est parce que tu ne parviens pas à sortir ton train d’atterrissage »), sans parler d un « signal de détresse qui patauge » qui ne dit rien qui vaille non plus !
Mayday n’était cependant pas la première fois que Sheila tentait de fusionner Rock et Disco. En 1978, son simple uniquement destiné au marché européen, You light my fire, associe déjà une tonitruante rythmique Disco à la basse à de puissants accords claquants qui n’auraient pas été déplacés sur un disque des Bad Company. Un bref coup d’œil du côté des Spencer Davis Group avec leur Keep on running et quelques cors enthousiastes achèvent de relever l’ensemble. Si seulement Sheila parvenait à injecter un peu plus d’âme à son interprétation lorsqu’elle chante en anglais, ce titre serait un monument de la Dance/Rock.

mardi, septembre 13, 2005

lundi, septembre 12, 2005

Reine du playback?

La réponse à cette question varie selon les époques.De 1965-66 au début des années 80 on est tenté de dire “oui”, avec quelques autres prétendantes à ce même trône cela dit.Seulement pour Sheila l’équation est déséquilibrée:elle fait énormément de télé mais n’apparaît que rarement le micro à la main.Cela a au moins le mérite d’être clair et de ne “tromper” le public qu’à demi...Aujourd’hui tous les artistes miment leur dernier CD derrière le sacro-saint micro, sans gêne aucune,alors qu’il est évident que ce n’est pas du live tant l’interprétation est identique au son studio, sans parler des playbacks plus ou moins bien exécutés et donc facilement repérables! Seulement une autre donnée vient écorner un peu plus l’image de Sheila: pour des raisons à la fois simples et complexes elle ne fait pas de scène, si ce n’est une tournée écourtée dans les années 63/65 (où selon la chanteuse des Surfs qui assurent la 1ère partie l'idole chante et assure parfaitement en direct).En France (plus qu’ailleurs?) il faut faire de la scène pour espérer obtenir le respect,alors que la télé véhicule une image plus formatée, donc plus commerciale et artificielle.Sheila n’est visible que sur le petit écran, ce qui bien sûr n’a pas contribué à lui donner l’authenticité souhaitée. Pourtant de nombreux passages TV de Sheila sont en direct, comme lors des célèbres Palmarès de Guy Lux, et donc non dépourvus de prise de risque...est-il plus culotté de chanter en direct absolu Jolie Môme devant des millions de téléspectateurs, sans filet, ou mimer au Palais des Congrès ses chansons parfois même réenregistrées dans les conditions du live pour l’occasion? Le cadre du sacrilège playback semble donc avoir son importance dans l’obtention de la respectabilité tant convoitée: d’autres chanteuses , pas particulièrement réputées pour leurs capacités vocales , mais plutôt connues pour ne pas dédaigner l’usage du playback lors de leurs concerts, ne semblent pas inquiétées sur la question...sans doute parce qu’elles commettent l' innommable sur une SCENE, plutôt que sur un PLATEAU DE TELE !
On note le premier changement pour Sheila dès 1980. Cette année-là la chanteuse sort son album Pilote sur les ondes.Elle venait alors de survoler les 3 années précédentes en chantant dans la langue de Shakespeare,avec les triomphes Disco,et je la soupçonne de n’avoir mieux maîtrisé cette langue que plus tard -période Keith Olsen-....difficile dans ces conditions de chanter en direct..et puis le live n’était pas vraiment la marque de fabrique de ce mouvement musical,et la plupart des stars Disco de l’époque promenaient allègrement leurs playbacks aux 4 coins de l’Europe. Ces années “américaines” s’achèveront d’ailleurs avec le fameux “playback raté de Sheila” sur King of the world. La légende de la chanteuse à playback était déjà installée donc cet incident n’a pas eu d’impact notable sur l’image de la chanteuse je pense. Depuis qu’il a été exhumé des tiroirs de l’INA ce passage nous est régulièrement resservi sur les chaînes de télé. Pourtant ce n’est pas Sheila qui a raté quoique ce soit: c’est la bande son qui s’emballe,se bloque,repart en vitesse 78 tours(la Reine du disco est habituée à un rythme soutenu mais tout de même!) pour finalement rendre l’âme...Sheila ne cherchait pas à faire croire à du direct, ne tenant pas de micro et dansant avec les B Devotion...seulement l’émission, elle, était en direct et donc il a fallu faire face et recommencer...en arrachant au passage le micro des mains de Guy Lux (il eut de la chance de ne pas s'en prendre une au passage) pour parler aux Français...
Donc à partir des années 80 la chanteuse va presque tout le temps chanter en direct devant les Français.Avec la sortie de ce nouvel album, pensé pour la scène, Sheila change d’ailleurs totalement d’optique pour sa promo. Elle apparaît maintenant entourée de musiciens à la télé,et chante en live...bon on entend bien sa voix studio derrière en écho de temps en temps mais c’est un progrès notable(comme pour l'ablation de la 1ère couette on ne veut pas traumatiser sans doute et l'évolution est progressive!). Avec son dernier méga tube Carrère, Et ne la ramène pas en 81, elle s’offre le "luxe" du direct régulièrement à la télé. En 82 elle fera un spécial Champs Elysées où là encore elle chante en semi direct: elle chante réellement mais se doit de prolonger la note en fin de phrase pour masquer sa propre voix studio qui passe derrière, et qu’on peut parfois entendre, notamment sur Glori Gloria. On se demande pourquoi. Sheila est une fille qui chante juste en direct, et qui n’est pas trop limitée vocalement. A côté de ses copines yéyé elle fait même figure de Callas pour ce qui est du coffre!Pour l’avoir entendue souvent à la radio lors des fameux “Chantera chantera pas” des Casino Parade je n’ai aucun doute quant à sa capacité à le faire, je me souviens notamment d’un sublime Les roses blanches qu’elle avait magistralement interprété en montant dans les aigus sans problème apparent. Sheila a-t-elle été complexée par Carrère qui l’avait mal jugée à ce niveau-là? Ou le jugement d’un pays entier qui ne la prenait pas au sérieux (à cause de son absence scénique principalement) a-t-il entamé sa confiance en elle-même?
Les années suivantes, avec notamment le spectacle évènement du Zénith de Paris en 85, vont laisser place à une chanteuse, une vraie. Dans cette nouvelle salle géante elle assure 2 heures de direct intégral, certes pas parfait, elle a encore un peu de mal à contrôler ses aigus un peu criards parfois et pas toujours très justes. De Mon p’tit loup à Vivre mieux elle enchaîne les titres sans problème, et personne ne s’y trompera: ici pas de playback...Accusée de ne pas savoir chanter par certains(les recracheurs de venin qui pour la plupart ne savent même pas de quoi ils parlent techniquement) Sheila ira même jusqu’à clouer les 4000 spectateurs présents en chantant a capella toute une partie du refrain de La vérité qu’on nous ment, sans faillir. Le lendemain la presse,après l’avoir exagérément dénigrée, ira jusqu’à comparer sa voix à celle de Sanson (ce qui est également exagéré, la voix de Véronique étant à l'époque exceptionnelle d'émotion).
Pourtant Sheila a la même voix que sur ses disques. Mais cette fois c’est en pleine lumière et en direct, devant des milliers de spectateurs plus ou moins septiques ,qu’elle pousse la note. Depuis Sheila n’a cessé de progresser sur scène.Sa technique de chant est plus pointue et elle est juste sur l’intégralité du concert.
En 89 à l'Olympia je me suis retrouvé à 2 mètres d'elle et me souviens encore de sa technique de respiration très visible au niveau de la gorge pour un Bang Bang assez haut perché.Un autre titre qui m’a toujours bluffé est Aimer avant de mourir qu’elle a repris sur cette même scène de l’Olympia en 98/99 et un peu partout en tournée. Ce n’est certes pas du Rossini , mais c’est quand même plus délicat à interpréter que Les rois mages. Le titre passe des graves aux aigus pendant plus de 3 minutes. Détentrices de brins de voix s’abstenir. La première fois qu’elle l’a chanté sur scène j’avoue avoir été un peu fébrile dans la salle en attendant les premières envolées aiguës...Me disais "merde elle va pas oser quand même"!Nervosité infondée: elle maîtrise totalement ce titre et finalement met la salle dans sa poche rien qu’avec sa voix à chaque interprétation, où elle apparaît seule dans un rond de lumière, avec un public qui retient son souffle, tandis que le sien enfle pour éclater en une voix puissante. Une autre interprétation de Sheila en direct sur scène très réussie reste celle de Just a gigolo ( Olympia 89).Voix s’amusant entre notes graves et envolées limpides et puissantes le tout sur une tonalité rock et enlevée. Je me souviens d’une Sheila totalement dans son élément lors de ce titre, se lâchant vocalement sans jamais oublier de chanter juste, comme si elle avait toujours fait çà...Il est donc passablement irritant d'entendre quelques ringards ironiser encore aujourd'hui sur son talent de chanteuse(ignares en matière de variété française pour la plupart) après avoir bloqué leur compteur à diffamation sur les années 70! Pour conclure, oui Sheila a beaucoup chanté en playback “honnête” (pas de micro en main) à la télé pendant en gros les 20 premières années de sa carrière, mais à la différence indiscutable de certains autres artistes pourtant davantage respectés ,une fois sur scène , elle est certainement l'une de celles qui utilisent le moins le playback en concert, y compris sur ses ballets, pourtant exigeants physiquement.A ma connaissance et en toute objectivité il n'y eut aucun playback au Zénith ni à l' Olympia 89. En revanche 2/3 titres de la partie Disco(de Spacer à Glori Gloria) en 98/99 furent régulièrement interprétés en playback c'était indéniable. Surtout Sheila assure des titres difficiles en direct: on lui pardonne mieux une tricherie sur Les rois mages quand elle nous gratifie d'un solide Over the rainbow live avec piano!
Pour revenir à l'usage dudit playback, les autres chanteurs de variété de l’époque y avaient également régulièrement recours mais regagnaient en crédibilité en se produisant sur scène, ce qui d’ailleurs n’était pas une garantie de direct loin s 'en faut...! De plus ils passaient tous beaucoup moins souvent que Sheila sur le petit écran. On sait que pour des raisons matérielles (en gros chanter en direct demande de longues répétitions au préalable et des réglages d’ordre technique comme faire une “balance”) l’artiste de toute façon n’avait pas vraiment le choix du direct pour les émissions de télé. Son statut de “Reine de la télé” a-t-il magnifié celui de “Reine du playback”? Pas impossible! La question suivante devrait d’ailleurs sans doute être “ Ce playback était-il nécessaire et justifié?” et là je réponds “non”: elle chantait sans doute mieux (elle l’a largement prouvé depuis) que la plupart de ses consoeurs de l’époque, ex yéyé ou rivales Disco...Après avoir prouvé au Zénith qu'elle avait de la voix et chantait juste Sheila m'a plus récemment encore étonné et séduit avec son interprétation de L' absent sur scène:il y a tout de bien dans cette interprétation:le timbre, la puissance, la fragilité et l'émotion.