Nouvelle évidence de la schizophrénie musicale de la plus allumée des conservatrices de la chanson française:en quelques mois elle passe des bouclettes agnelines de L'arche de Noé à celles, nettement plus sombres, du torride Danny des B.Devotion.Et le beat musical de la chanteuse de sensiblement augmenter par la même occasion!
Comme l'a dit en d'autres termes Bonini le Disco et Sheila c'était un peu la chronique d'un triomphe annoncé: qui d'autre qu'elle en France aurait pu surfer avec autant de naturel donc de crédibilité sur ce nouveau courant musical? Dalida a l'air gauchement opportuniste, tentant tant bien que mal(plutôt mal d'ailleurs!) de rattraper le rythme de ses nouveaux maxi 45 tours, secouant plus que jamais l'égyptienne crinière pour faire oublier qu'elle ne sait pas bouger son italien derrière, Vartan jure en pointant son index que ça ne l'intéresse pas, ce qui semble être un sentiment réciproque, et de toute façon son image trop fatalement assoupie aurait juré avec ces nouveaux rythmes énergiques, Karen Cheryl s'en tire plutôt bien mais danse comme un macho et ne saura pas s'exporter au-delà de Perpète-la-Galette....Seule Sheila débarque sur tous les plateaux TV avec une aisance et un plaisir évidents...Certes les chorés ne sont pas toujours d'une classe folle (pas sûr du frottement de popotins sur Love me baby!), pourtant restent quelques moments de magie où la chanteuse révèle enfin la vraie danseuse qui vit en elle depuis toujours, comme sur ce complexe pas sauté de côté dans Singin' in the rain...Ce nouveau style de musique donne surtout et enfin l'occasion à l' Auvergnate de presque devenir un objet sexuel(!) : regards bleus éléctrisés échangés avec ses charnels danseurs, bouche entrouverte balayée par une chevelure de plus en plus en blonde, déhanchés de bubble butt moulé dans de coquins shorts...
Au delà de ces considérations sur sa nouvelle image, ce nouveau départ est surtout l'occasion de recruter une dernière génération de Sheilaphiles (dont je fais partie), qui représente aujourd'hui la frange la moins âgée de ses fans. Elle reste la seule chanteuse en France à avoir pénétré le marché hérmétique des clubs, de façon durable (3 ans tout de même, mieux que beaucoup de ces one hit wonders à la Baccara) et s'est offert une carrière mondiale au final, en utilisant une méthode tout à fait unique chez les Françaises:ici on ne se sert pas d'une folklorique image renvoyant à Paris ou autres bérétries tricolores...Avec Sheila il s'agit de tubes et de ventes qui suivent, avec des classements mondiaux qui en attestent: elle se positionne au même niveau que les stars anglo-saxonnes du Disco de l'époque, sans éprouver le besoin de faire une version Crétoise ou Inca de son dernier succès pour se faire adopter par les autochtones:il existe une version unique du morceau et il cartonne tel quel partout. En celà son expérience reste unique et je conçois aisément qu'elle en soit fière 25 ans plus tard.
A un niveau plus personnel ce nouveau virage fut pour moi la révélation que j'attendais sans le savoir.J'hésitais alors vaguement entre Vartan Dalida et Sheila donc (légère fixation sur les blondasses frappées me direz-vous!), et cette année 77 sonna le début d'une longue histoire compliquée et qui refuse de se conclure totalement entre elle et moi, depuis qu'elle fit les premiers pas!